Philippe Amon a accepté de nous accorder une interview mais n’a pas souhaité nous recevoir dans sa propriété de Bougy-Saint-Martin ni être pris en photo. «La discrétion est une seconde nature», confie le président et directeur général de SICPA, multinationale leader des encres de sécurité pour les billets de banque, entre autres. Son choix s’est porté sur le tea-room de La Couronne, à Aubonne. Il s’est livré en toute simplicité sur sa vie à Aubonne, son travail et son projet de rachat du chemin qui borde sa propriété.

Philippe Amon, quel rapport entretenez-vous avec votre commune d’adoption?

J’ai noué, au fil du temps, un lien affectif avec Aubonne pour toutes sortes de raisons inhérentes au bourg lui-même: son emplacement, son histoire, la beauté des lieux et sa qualité de vie. C’est une ville accueillante, à taille humaine, et proche de la nature.

Est-ce que l’on peut vous croiser en ville?

Bien sûr, j’aime bien me balader dans la rue, je vais à la boulangerie, à la pharmacie et dans d’autres commerces et établissements locaux. J’aime la discrétion mais je ne suis pas inaccessible! Dans la région, je pratique un peu de tennis, de golf, je me promène volontiers dans le Jura, j’aime beaucoup l’Arboretum et être sur le lac Léman, également.

Lorsque vous n’êtes pas occupé à gérer l’entreprise familiale, quelles sont vos passions?

La nature et j’ai un goût pour l’architecture et les monuments historiques qui est lié à mon amour pour l’histoire.

La passion pour les monuments historiques, vous la partagiez avec votre papa qui a acquis le domaine de Bougy-Saint-Martin en 1991?

Oui, sans aucun doute. La propriété est inscrite comme bien culturel suisse d’importance nationale, notamment le Manoir et le manège. Il y a quelques décennies, elle était à l’abandon. On a fait en sorte qu’elle retrouve petit à petit sa beauté et sa forme d’antan. Plusieurs travaux importants de réhabilitation et de restauration des différents bâtiments ont été effectués au fil du temps pour sauvegarder ce patrimoine.

Quel lien vous y attache?

C’est la maison familiale, tout d’abord, voulue comme telle par mon père. C’est le point d’ancrage, la base de la famille. J’y vis moi-même depuis 1996 avec ma propre famille, mon épouse Catarina et mes trois jeunes enfants. C’est là qu’ils sont nés, qu’ils y grandissent. Hormis d’être un monument historique que j’affectionne, c’est en plus un lieu de ressourcement en pleine nature. J’y suis très attaché pour toutes ces raisons.

Aujourd’hui, vous êtes le seul propriétaire de tout le domaine qui comporte plusieurs corps de bâtiment. C’est ce qui explique votre projet d’achat du chemin de Bougy-Saint-Martin?

Oui, il s’inscrit dans une perspective d’avenir. Ma vie familiale et professionnelle est ici, dans le canton de Vaud. Bougy-Saint-Martin est notre seule maison, à moi et à ma famille.

Si la transaction se fait avec la Commune, en contrepartie vous prendrez à votre charge la création d’un trottoir, d’un bassin d’agrément et d’un chemin pédestre en direction de Pizy. Dans quel but?

C’est une façon de remercier Aubonne et ses habitants, en créant des espaces publics accessibles à tous qui, je l’espère, seront agréables, ainsi qu’un accès direct à la nature en direction de Pizy, sans compter la sécurisation du cheminement depuis le bourg.

«C’est une façon de remercier Aubonne et ses habitants, en créant des espaces publics accessibles à tous qui, je l’espère, seront agréables.»

Vous allez continuer à ouvrir votre propriété lors des Journées du patrimoine?

Bien sûr, c’est une tradition de longue date dont l’initiative revient à Pierre-Alain Blanc, ancien syndic d’Aubonne.

Et de quelle autre façon contribuez-vous à la région?

En juin prochain, nous allons inaugurer un lieu d’innovation à Prilly (siège de l’entreprise SICPA, Ndlr). Le campus Unlimitrust accueillera des sociétés à la pointe de la technologie qui contribueront à l’essor économique du canton et de la Suisse. C’est un projet important. Dans ce cadre, nous allons promouvoir les produits du terroir issus de l’agriculture organique et biologique dans l’espace restauration. Les agriculteurs, viticulteurs et maraîchers d’Aubonne et de sa région y auront une place privilégiée et une vitrine pour leur production.

Vous semblez attaché au monde de la terre…

J’adore les paysans et je les respecte: sans eux, on ne mangerait pas. Mon grand-père qui, en 1927, a créé l’entreprise SICPA (acronyme pour «Société industrielle et commerciale de produits alimentaires», Ndlr) fabriquait de la graisse à traire parmi d’autres produits pour l’agriculture.

Quel est votre moteur dans l’existence?

Pouvoir m’occuper de ma famille, donner une éducation adéquate à mes trois enfants et contribuer à la société de façon générale, à la vie de la commune, du canton et du pays.

De quelle façon?

En préservant des entreprises locales, notamment à Prilly et à Chavornay (où est implantée la fabrique d’encres de sécurité, Ndlr), en développant des emplois diversifiés et en essayant d’apporter une valeur ajoutée au paysage économique suisse.

Vous êtes le représentant de la troisième génération, est-ce un héritage lourd à porter?

Parfois, mais je le chéris avant tout.

Jeune homme, quelle est la profession que vous souhaitiez embrasser?

Celle que j’exerce aujourd’hui. Je me suis passionné pour le métier d’entrepreneur – dans le sens de celui qui contribue à un développement industriel en créant ses propres produits.

«Il faut s’adapter sans cesse, sans cela l’avenir d’une société est compromis.»

A vos yeux, quel est votre apport?

J’ai fait évoluer l’entreprise et son offre en intégrant les nouvelles technologiques et les besoins des clients. Il faut s’adapter sans cesse, sans cela l’avenir d’une société est compromis. Je l’ai fait grandir également. Aujourd’hui, SICPA emploie 1000 collaborateurs dans le canton et 3000 dans le monde.

Et quel est son chiffre d’affaires?

Nous ne le publions pas.

Le Ministère public de la Confédération a ouvert, en 2015, une enquête contre SICPA SA pour corruption d’agents publics étrangers, étendue, depuis, à la direction de l’entreprise elle-même.

C’est une vieille procédure, toujours en cours, pour des faits très anciens, mais je ne commenterai pas…

Comment voyez-vous l’avenir de la société?

Mes enfants sont trop jeunes pour songer à en reprendre les rênes, mais ils sont les bienvenus si cet univers de l’entreprise leur plaît…

Qui est Philippe Amon?

C’est à vous de répondre à cette question! Je suis tout simplement un mari, un père de famille et un entrepreneur.

Aubonne ouvre ses parcs, jardins et lieux les plus insolites

La commune organise, en collaboration avec des propriétaires privés, une visite dans des recoins insoupçonnés du bourg. On pourra par exemple visiter la tour du château.