«La Municipalité estime-t-elle que des logements à CHF 13 000 le m2 sont accessibles pour des Nyonnais à bas ou modestes revenus?» C’est une des questions que pose une interpellation déposée lundi soir par Doris Uldry (PIN) au sujet de la Suettaz. Pour mémoire, la Suettaz est un quartier encore en construction qui a fait l’objet d’âpres discussions et même d’un référendum en 2020.

Erigé à la place d’immeubles vétustes qui abritaient des logements bon marché, le nouveau projet devait augmenter sensiblement le nombre d’appartements, de 248 à 387 (+139), dont les trois-quarts devaient être à loyers modérés ou abordables, et le reste mis sur le marché libre afin de financer le volet social. C’est ce qu’affirmait l’exécutif dans le message à la population avant le vote sur le référendum. Un message entendu par les Nyonnaises et les Nyonnais, qui ont largement validé le projet dans les urnes.

Des appartements à 2 millions

Alors que le chantier n’est pas terminé, un site internet fait la promotion de l’ensemble. Il a évidemment été scruté par le comité référendaire de l’époque, composé d’élues et d’élus du Parti indépendant nyonnais (PIN) et de l’UDC. Et quelle ne fut pas leur surprise de constater que l’un des quatre bâtiments prévus sera entièrement vendu en PPE, soit 90 appartements.

Les prix s’étalent, pour les lots encore disponibles, entre 660 000 francs pour un 2,5 pièces et près de 2 millions pour un 5,5 pièces. En outre, les référendaires ont constaté que le total de logements se monte à 372, soit quinze de moins que les 387 annoncés. Le nombre d’appartements d’utilité publique supplémentaires n’est donc plus que de 34.

Nous aimerions savoir quand la Municipalité a appris qu’ils seraient en réalité mis en vente

Doris Uldry, conseillère communale du PIN

Doris Uldry et ses collègues du comité estiment que les élus et la population s’attendaient à ce que la partie destinée au marché libre soit louée et profite aux habitants de Nyon en cette période de pénurie. «Nous aimerions savoir quand la Municipalité a appris qu’ils seraient en réalité mis en vente, excluant toute une frange de la population. Et surtout si cet élément était déjà connu des autorités au moment du référendum», précise-t-elle.

La Municipalité surprise

Même si elle réserve sa réponse officielle pour le Conseil communal, Stéphanie Schmutz, municipale de l’urbanisme, admet que l’exécutif a aussi été surpris de les voir en vente. «Mais tout le volet social a été respecté par les promoteurs, assure-t-elle, et rien dans la convention n’avait été prévu pour interdire la mise en vente du reste des logements.»

Impossible donc pour la ville de s’y opposer. Quant aux quinze logements manquants, la municipale explique que les chiffres annoncés étaient basés sur des surfaces prévues. «Elles sont respectées. Mais les appartements sont un peu plus grands, il y en a donc moins.»

Nyon: mais d’où sortent ces appartements à plus d’un million à la Suettaz?

Les appartements d’un des quatre immeubles du nouveau quartier à vocation principalement sociale sont mis en vente, à la surprise générale. Explications.